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XXI. Le rôle des femmes

Dernière mise à jour : 31 mai 2022

À la mi-temps de la cousinade une évidence s’imposa. Au fur et à mesure que se déchirait le voile couvrant le nom du père de Petit-Jean, on se rendait compte que c’étaient les femmes qui avaient à la fois protégé et transmis le secret autour d'Isabelle.


Marie, sa mère, Jeanne, sa tante, Gabrielle, Marcelle et Janine, ses soeurs, l’autre Janine, sa nièce, Andrée, sa belle-fille... Dans la famille Massé, les femmes préservent les secrets. Elles apparaissent comme les gardiennes du mystère entourant l’Effacée. En quelque sorte, elles ont participé à son effacement, plus ou moins consciemment. D'un autre côté, elles ont, malgré l'omerta, préservé des pans entiers de l'histoire. La vérité est l’apanage des femmes. L’histoire d’Isabelle est affaire de femmes, du secret entretenu au secret révélé.


Les hommes ne sont que des figurants dans cette histoire. Certains n'ont pas voulu savoir. D'autres se sont gardés de poser des questions. Même lors de la cousinade, les hommes de la famille semblaient moins concernés par les révélations qui s'enchainaient.


Les secrets de famille se fabriquent étrangement. Celui-ci s’est construit petit à petit. Tout le village savait, au début. Un interdit a été instauré, tel un décret : se taire. À respecter cette injonction, chacun a contribué, à son niveau, à l'élaboration puis au renforcement du secret. Sans recul, il était facile pour les cousins réunis de blâmer Marie. Mais, à elle seule, elle n’aurait pas pu taire le nom du père, elle n’aurait pas pu effacer Isabelle, elle n’aurait pas pu faire tourner cette énorme machinerie. Tout le système familial, dans son entièreté, devrait assumer sa part de responsabilité, les hommes pour ne pas avoir cherché à savoir. Les femmes pour avoir protégé le secret.


C'est une histoire de femmes.


« Il faut commencer par accepter que ces secrets s’opposent moins à l’idée d’une vérité qu’il faudrait découvrir qu’à la communication entre les membres de la famille ».

Serge Tisseron dans son ouvrage « Les secrets de famille » ne dit pas autre chose, les tabous et les non-dits sont une entrave à la communication, aux liens qui unissent une famille.





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