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XXIX. Mémoire et Cimetière

Dernière mise à jour : 31 mai 2022

La consultation des délibérations du Conseil Municipal est instructive. Tous nos remerciements à la secrétaire de Torcy et à Jean-Michel, le fils de Petit-Jean, pour ses recherches sur les états civils en ligne de la commune de Torcy. Les conclusions sont les suivantes.


En 1901, deux parcelles ont été données pour le nouveau cimetière devant le notaire d'Epoisses par deux personnes :


- M. Corot-Beudeley Bégnine une pièce de terre No 757 section C lieu dit "le Duet"

- M. Jean Meugnot chanoine honoraire, curé de Bligny le Sec, une pièce (même lieu et côte à côte) No 756


Deux emplacements retrouvés sur le cadastre Napoléonien de la commune et repris aujourd'hui sur le cadastre actuel sur une même parcelle divisée en No 354 où se trouve le cimetière actuel.


Ces deux personnes se seraient réservées en compensation 3 places chacune dans le nouveau cimetière attribuées par le Conseil Municipal. En particulier Jean Meugnot 3 places à droite en entrant dans le cimetière. Mais c'est à Bligny le Sec qu'il désire se faire enterrer. Il doit donc désigner celui qui bénéficiera de cette place au cimetière de Torcy.


Or Jean Meugnot avait une soeur, Jeanne Meugnot, qui s'était mariée le 29 avril 1839 avec un certain Pierre Massé qui venait de Rouvray. Le couple avait eu 4 enfants, 3 garçons et une fille. Le second s'appelait Louis Philippe Antoine, marié le 10 janvier 1865 avec Léonie Garraut. Il désignera donc son neveu et sa femme, le couple Massé-Garraud, pour bénéficier de la place au cimetière de Torcy.


En résumé la concession de Torcy est familiale et sont enterrés ici tous les Massé depuis Louis :


1- Léonie Garraut est née le 18 mai 1842, à Corrombles et décédée le 28 octobre 1914 à Torcy, au bel âge de 72 ans.


2- Puis, arrive le drame avec Isabelle, née le 30 mars 1895 à Vic de Chassenay et morte le 9 octobre 1920 à Torcy. On peut supposer que Louis n’imaginait pas qu’Isabelle décède avant lui. C’est un caveau de famille, après tout. C'est donc naturellement qu'il y met en terre l'aînée de ses petites-filles.


3- Louis Massé décède ensuite : né le 22 avril 1842 à Torcy, il s’éteint le 2 janvier 1924 à Torcy à l'âge respectable de 81 ans.


4- Puis c’est au tour d’Augustin Massé, né le 5 janvier 1869 à Torcy, et qui trépasse le 16 septembre 1926 à Torcy à l'âge de 57 ans. Il se fait enterrer dans le caveau de la famille, auprès de sa fille Isabelle et de ses deux parents.


5- Plusieurs années s’écoulent. Une seconde guerre mondiale enflamme le pays. C'est au tour de Marie Domino de s’éteindre. Née le 2 avril 1871 à Vic-de-Chassenay, elle meurt le 14 janvier 1955 à Torcy, à l'âge vénérable de 83 ans.


6- Elle sera rejointe 9 ans plus tard par Paul Massé, le frère d’Augustin, né le 11 mai 1871 à Torcy et décédé le 8 mars 1964 à Viserny, à l'âge de 92 ans.


7- Enfin, sa femme Louise Marsot née vers 1880, décédée en 1970 à plus de 90 ans, est la dernière à être inhumée dans le caveau.


On vit vieux chez les Massé…




Le caveau des Massé abrite donc 3 hommes et 4 femmes, en tout, 7 proches dont les vies s’étalent sur plus d’un siècle. Et pourtant… La stèle de marbre noir ne rend pas hommage à leur mémoire, une dalle où ne figurent que leurs noms de famille, gommant ainsi l’identité de ces hommes et de ces femmes qui y sont enterrés, gommant le souvenir même d’Isabelle. Comment est-il possible de choisir d’omettre les dates ? Comment est-il possible de choisir d’omettre les prénoms ?


La violence que c'est que de faire taire une tombe.



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